05 Déc Retour sur les opportunités de l’alimentation durable et locale – par l’APASEC
Alimentation / Au cours d’une journée dédiée aux opportunités offertes par l’alimentation durable et locale, le modèle dominant agroalimentaire a été questionné au regard des apports de l’économie sociale et solidaire. Organisé par la CRESS Aura et les OPA d’Agrapole à Lyon, l’événement a rassemblé une centaine de personnes le 29 novembre.
Article écrit par Camille Peyrache, rédacteur en chef pour l’APASEC
Une autre économie alimentaire est-elle possible ?
C’est une collaboration inédite qui a permis à cette journée d’émerger. Les organisations professionnelles agricoles par le biais de l’association des locataires d’Agrapole à Lyon ont co-organisé avec la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Lyon (CRESS) une journée dédiée à l’alimentation durable et locale. « Il nous paraissait intéressant de tisser des liens entre l’univers de l’économie sociale et solidaire et les organisations agricoles telles les coopératives agricoles qui font partie de ce secteur d’activité autour de l’agriculture durable et locale », a expliqué Caroline Debroux, présidente de l’association des locataires d’Agrapole et directrice de la FRCuma Aura. Après cette ouverture, la journée organisée à Lyon, le 29 novembre, s’est déclinée en plusieurs temps, dont une table ronde d’acteurs de l’ESS, des ateliers thématiques en groupe d’une trentaine de personnes et l’après-midi des rencontres BtoB entre acteurs de l’ESS et organisations agricoles.
L’agriculture durable portée par les acteurs de l’économie sociale et solidaire porte certaines valeurs fortes que l’on peut retrouver dans le monde agricole, et d’autres qui peuvent parfois se heurter à des modes de fonctionnements actuels du secteur agricole et agroalimentaire. Pour creuser cette question, Carole Chazoule, enseignante et chercheuse à l’Isara de Lyon a proposé un éclairage sur la question de l’organisation de l’économie alimentaire actuelle et de ces évolutions possibles. Mais avant, une définition s’impose. A l’image du développement durable pour l’économie, l’agriculture durable vise à assurer une production pérenne de denrées agricoles en respectant les limites écologiques, économiques et sociales qui assurent la maintenance dans le temps de cette production.
Un système dominant bousculé
« En France, 70 % de l’approvisionnement alimentaire est assuré par les GMS, a souligné Carole Chazoule. Ce système très efficace de distribution à des conséquences négatives telles que la rupture du consommateur avec le produit, avec les agriculteurs et avec les pratiques de production. » Cela a pour conséquence chez une part croissante de consommateurs de modifier leur comportement alimentaire en enlevant la viande ou le gluten sans pour autant qu’ils soient certain de bien faire.
Si ce modèle de la distribution de masse via des circuits alimentaires longs et industrialisés présente des avantages : prix bas, diversité des produits, offre abondante, emplois, il a aussi des effets négatifs. « On peut citer la précarité des emplois et les inégalités sociales qu’il génère, les dégradations environnementales qu’il favorise ou encore les coûts cachés sur la santé, les milieux naturels ou les subventions publiques », énumère-t-elle. Face à cela, depuis deux décennies, les circuits courts montent en puissance sans avoir la capacité à remplacer le modèle dominant.
Un autre modèle est-il possible ?
Carole Chazoule propose une alternative : les modèles hybrides qui portent les valeurs et les avantages des circuits courts, tout en ayant recours à des acteurs ou des outils du système dominant. Ces « systèmes alimentaires du milieu » ou SYAM du nom de son travail de recherche, sont des modèles innovants, en émergence, dont les modèles économiques ne sont pas stabilisés. Ils concernent par exemple des volumes plus importants que les circuits courts mais restent très attachés à la provenance de leur approvisionnement et s’appuient sur des nouvelles formes de gouvernance entre les opérateurs de la filière alimentaire : coopération et contractualisation de moyen terme. Des circuits intermédiaires et performants qui pourraient aussi mieux servir la rémunération des agriculteurs.
Article rédigé par Camille Peyrache
Focus /
Le GRAP, une coopérative d’activité alimentaire en plein essor
La coopérative d’activité GRAP pour Groupement régional alimentaire de proximité participe à l’émergence de nouvelles organisations pour accélérer le développement des circuits courts. Invité à participer à la table ronde de la journée « Opportunités de l’alimentation durable et locale en Aura » du 29 novembre, Kévin Guillermin, co-directeur du GRAP a expliqué son fonctionnement et ses valeurs. Réuni au sein d’une SCIC créée en 2010, le collectif regroupe maintenant une quarantaine d’acteurs de l’alimentation locale et durable (restauration, traiteur, transformation, métiers de bouche). Ils bénéficient des services supports à l’ensemble des activités grâce au GRAP. Son objectif est de favoriser les circuits courts, l’agriculture locale, paysanne et/ou biologique. « Nous avons des critères de sélection des projets exigeants qui visent à construire des projets d’intérêt collectif en conformité avec nos valeurs. »
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